La soumission à l’autorité

La soumission à l’autorité

28/02/2012 par Lo

Aujourd’hui, on s’attelle à un concept qui va en intéresser plus d’un. Bas oui, la fameuse soumission à l’autorité et toutes les conclusions que l’on peut en tirer.

Dans notre société moderne, nous sommes perpétuellement soumis à des autorités telles que familiales ou patronales pour n’en citer que deux. En fait, nous sommes culturellement conditionnés pour agir selon le bon vouloir de différents individus censés symboliser le « droit chemin ».

Les raisons de la soumission

Mais pourquoi obéissons-nous ? C’est très simple, nous passons d’un état autonome à un état agentique. En gros, on va du stade de décision en fonction de notre propre pensée au stade de mise en oeuvre d’action en tant qu’agent d’un organisme qui nous « dépasse ».


Comment ça tu ne piges déjà plus ? N’as-tu jamais ressenti cette impression d’agir dans une espèce d’énorme système qui ne dépend pas de toi ? Comme quand tu vas en cours et que tu agis machinalement, car « c’est comme ça que ça marche » ? Ou mieux, quand tu arrives au bureau pour faire le boulot que tu es « censé faire » car on t’a défini comme un élément de l’entreprise.

Pourquoi tu ne vas pas chier sur le bureau de ton prof lorsqu’il dit un truc qui ne te plait pas ? Pourquoi ne craches-tu pas sur ton putain de patron qui t’énerve tant ? Car tu vas te faire virer et finir SDF ? Bien vu.

Tu l’auras compris, afin que la société fonctionne on te définit des rôles successifs, et cette belle organisation se développe via une soumission perpétuelle, aux règles, à l’autorité – car nous sommes des êtres profondément sociaux; notre survie dépend du bon déroulement des interactions entre individus, de la cohésion sociale. Ceux qui ne respectent pas cela finissent en général à l’écart de la société.

Le problème dans tout ça, c’est que ça conduit à des abus. Bas oui, imagine cette belle masse de débiles prêts à agir selon ton bon vouloir si tu fais figure d’autorité à leurs yeux. Comment ça on appelle ça la politique ? Ne nous emballons pas, on parlera de ce bordel un autre jour.

L’expérience qui démontre

Nous on va plutôt s’intéresser au côté hardcore du problème, via la fameuse expérience de Milgram. Quoi ? Tu ne connais pas ? C’est un truc très connu, et il faut que tu sois au courant alors, que je t’ouvre les yeux un peu.

Stanley Milgram c’est un mec qui un beau jour a décidé de faire une super expérience en psychologie, c’était dans les années 1960. Il a voulu démontrer à quel point les gens pouvaient être soumis à cette fameuse autorité, au point de dépasser le stade du moral.

L’idée c’était de faire venir les gens pour une petite expérience sur « la mémorisation » - dans un cadre scientifique respectable à l’université de Yale - et leur faire faire un tirage au sort pour qu’ils se définissent soit comme celui qui doit mémoriser une suite d’éléments soit comme celui qui active un système de punitions en fonction des réponses de l’autre.

Évidemment, le tirage était truqué et les individus avaient toujours le rôle du mec qui électrocute l’autre en cas d’erreur. Ce dernier étant un acteur qui fait semblant de recevoir des décharges plus ou moins puissantes. Je crois que tu as déjà compris là où voulait en venir l’expérience.

L’individu lambda électrocute donc la personne en face s’il a faux, et les décharges sont de plus en plus puissantes jusqu’à devenir mortelles. Évidemment, un scientifique en blouse blanche - la figure de l’autorité - est là pour dire au sujet qu’il faut continuer l’expérience, que tout est normal, via tout un tas de phrases de merde genre « Veuillez continuer », « Vous devez continuer » ou encore « Tuez-le ! Oh oui, je veux qu’il souffre ! » - je viens d’inventer la dernière phrase, je te rassure.

Je n’entre pas dans les détails de l’expérience, car il y a plusieurs variantes - le scientifique physiquement présent, le rapport plus ou moins étroit avec la « victime » et l’individu qui lance les décharges, etc. Mais des chiffres inquiétants ressortent clairement de tout cela.

Dés les premières expériences, environ 62% des individus ainsi testés ont lancé par 3 fois un électrochoc mortel (450V) aux « victimes » ne bougeant même plus, faisant semblant d’être pratiquement mortes.

Autrement dit, sous la pression d’une autorité supérieure62% des individus sont prêts à tuer quelqu’un s’il le faut. Aussi, à peu près tous les participants font durer l’expérience au moins jusqu’aux hurlements atroces de la part de l’électrocuté.

Pour la petite anecdote, Milgram ne s’attendait absolument pas à de tels résultats, il pensait que la plupart des gens arrêteraient avant le stade mortel. C’est en quelque sorte le point de départ de son futur grand intérêt pour la soumission en psychologie.

La bonne nouvelle c’est que lors de ces expériences, toutes les personnes testées se sont à un moment ou un autre inquiétées de la personne en face d’eux et ont questionné le scientifique, la mauvaise nouvelle c’est que ça ne change pas grand-chose au final.

Si un scientifique en blouse blanche leur dit de continuer, ils continuerons pour la plupart, car ils passent à un état « agentique », ils se déresponsabilisent des conséquences. Une baisse considérable du taux d’électrocutions mortelles a toujours été constaté lorsque l’autorité n’était pas présente physiquement, voire inexistante.

Cette expérience a été reproduite de nombreuses fois et à chaque fois, les résultats étaient de ce genre, atteignant même des sommets lorsque ce n’était pas l’individu qui devait appuyer pour électrocuter, mais qu’il ne faisait que dire d’enclencher le mécanisme, sous la pression d’une autorité supérieure.

La conclusion qu’on peut en tirer

Mais qu’est-ce qu’on peut bien faire ressortir de ce genre d’expérience ? La société est ainsi organisée pour que nous nous soumettions à l’autorité, les conséquences de cette nécessaire organisation sont que les individus deviennent de manière générale des acteurs agissant sans vraiment réfléchir aux conséquences.

Si une autorité forte est là pour dire quoi faire, les gens le feront, quoi qu’il advienne.

La solution ? Deviens cette autorité, et le monde t’appartiendra.

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